vendredi 6 mai 2011

De l'art du bon spew des familles

Cela faisait maintenant presque deux mois que ce blog était au point mort, faute à la fin de l'année universitaire (donc des exams, pénitence de l'étudiant) conjuguée à la flemme et surtout à ma grande capacité à ne jamais finir ce que je commence.

Comme vous l'aurez compris à la lecture de cet article, je vais essayer de traiter du spew, du gaspillage quoi, enfin du foutage en l'air de d'énormes stacks montés en tournois, chose pour laquelle, je crois, suis spécialiste.

Je n'arrive pas à déceler ce qui coince dans mon jeu de tournoi, car j'arrive à monter des stacks parfois au triple de l'average à l'approche de la bulle, puis sur un ou deux coups, pfiout, mes jetons disparaissent comme par magie. J'ai certainement d'énormes leaks en late game (sur le changement de vitesse notamment), et je vais donc essayer de vous exposer ceci.

De deux choses l'une, pour que les choses soient claires, même si ce sont peut être des grosses erreurs. Je ne joue jamais les places payées ou/et les paliers de paiement dans un tournoi, je vise la gagne, sinon rien, sauf peut être dans les tournois ayant un droit d'entrée plus élevés ou les tournois avec un prizepool énorme. Par conséquent, cela ne me dérange en aucun cas de me mettre dans des situations où j'aurais seulement 60% de chances de gagner.

Je joue la plupart du temps sur Winamax, et je privilégie les structures deepstack (en 6-handed si possible, parce que c'est les nuts) que le site propose : 20.000 jetons de départ, rounds de 10 minutes. Les droits d'entrées de tournoi allant de 10 à 100 euros, selon les tickets que j'arrive à ship, et les Sit & Goes Heads-up couvrant généralement mes frais.

Il m'arrive très rarement de sauter en début de tournoi, même si je rentre dans les 3/4 des coups. La plupart des joueurs ayant des tendances agressives se rapprochant de celle des huitres (limp, call, check, check, check, minbet river, minraise), cela permet d'entrer dans pas mal de coups à moindre frais, du fait de la profondeur de départ. En me créant ainsi une image complètement affreuse et assez énervante, j'ai rarement du mal ensuite à tirer une value maximum de mes énormes mains Comme je l'ai expliqué ci-dessus, gambler certains gros pots dans des situations ou il est clair que je ne suis pas favori à 80% ne me dérange pas.

Tout ceci conjugué, me permets assez souvent de monter des stacks énormes assez rapidement, mais de les perdre tout aussi vite. Sachez que s'il s'agit de bad beats, ça n'est absolument pas dans l'optique de whine, tout simplement, ou de me faire dire que je n'ai rien à me reprocher. Ce que j'attends de toi, ô lecteur, c'est de souligner mes affreux leaks en late-game qui me font défaut. J'ai trois exemples en tête, dont deux assez récents :

- Il y a un petit mois. 20€ deepstack 6-handed de 20h15 - L'Afterwork. Après un énorme coup en m'étant fait payer ultra light quand j'avais flush par mon adversaire alors que nous étions deep, je me retrouve à 200 left énorme chipleader en jetons, avec quasiment 4 fois l'average. Je dois avoir 260k à ce moment là. Le tournoi ayant rassemblé un peu plus de 800 joueurs, quelque chose comme 90 joueurs seront payés.
Je vais d'abord perdre un pot de 80k en bataille de blindes avec 88 vs A4, puis je vais continuer à grinder doucement sans prendre trop de risque, profitant de mon énorme tapis à laquelle s'ajoute l'image de dégen que j'avais cultivée à la table.
Nous sommes 120 joueurs restants, plus ou moins, je ne suis plus chipleader depuis une vingtaine de minutes, et tiens, justement, le chipleader arrive à ma table, deux crans à ma droite. Comme nous sommes en 6-handed, il sera au bouton quand je serai en grosse blinde. J'ai quelque chose comme 245k et lui 380k. Nous commençons doucement à nous titiller à base de je te 3bette et tu me 4bettes. Puis je reçois les flèches en grosse blinde, justement. Je salive déjà du 3bet que je vais lui mettre. Comme prévu, il relance, puis je 3bet, sauf que s'enchaîneront en l'espace de 30 secondes 4bet, 5bet, 6bet-all in (on était assez deep tous les deux, oui). Il me montrera les rois, et je sortirais à l'apparition d'un roi au flop. Sick, mais inévitable effectivement, à sa place j'aurais fait exactement la même chose, dans les deux cas c'est un bad beat, je pense. Frustrant, that's it, et pas grand chose à dire, je sais. Mais cela n'est en fait que le prélude au tournoi qui suit.
En effet, consécutivement, je monte un autre énorme stack sur l'Xtra (10€ deepstack en full handed, 15K€ garantis), j'ai quelque chose comme 145k (top 20 alors qu'il reste 300 joueurs sur 1700 au départ) pour un average qui s'approche des 60k (sur ce tournoi tous les joueurs commencent avec 10.000 jetons). Nous sommes en full-ring, et je martyrise la table. Un joueur avec un énorme tapis (200k) arrive à la table, à cinq positions de la mienne. Je ralentis l'action, lui laissant prendre des pots aussi, n'ayant pas encore envie d'une énorme confrontation comme sur l'autre tournoi. En middle-position, je lève Js8s, et relance 2,5BB (blindes 750/1500 ante 25), comme d'habitude, et le gros vilain défend en SB. Le flop viendra Jh10s9s, et il insta push all-in pour un poil plus de 200k, dans un pot qui faisait 8BB, à tout casser. Bon effectivement, j'ai encore 140k, mais vu l'énorme double draw que j'ai, je n'ai pu me résoudre à fold. Il montrera Ks5s, et après une brique turn, la dame de trèfle viendra réduire mes espoirs à néant. Vous auriez call? C'est du spew? Vaut-il mieux attendre un spot ev+? Je me pose encore la question.

- Main-Event. 150€ de droit d'entrée que j'ai gagné via un satellite, Full Ring, 20.000 jetons de départ. Je monte un stack à 200k et perdrais le tout sur un banal coin-flip AQs vs 99. Débile?

- Wina séries, 10R en 6-handed. 100 joueurs left, je suis ITM et lève QQ. J'ai 100k et suis à l'average. Après un 3bet, 4bet, all-in. Je perdrais vs AKs.
Le lendemain, Wina séries encore, 50€ 6-handed en deepstack. Je monte un stack de 160k (l'average est à 120k, plus ou moins) en profitant de mes trois premières tables qui sont ultra weak (et d'un brelan de 3 floppé contre une overpaire pour un énorme pot, et d'un autre setup cool AA vs QQ). Je suis changé de table, juste avant les places payées, avec 4 joueurs ayant des tapis supérieurs à 200k. Et je commencerait par un 4bet en bataille de blindes avec deux croutes que je montrerais à la table, histoire de bien montrer que je ne me laisserais pas faire.
Voici la main qui va sceller mon tournoi.


J'ai encore énormément d'exemples, où j'ai été bien plus "spewy", mais je crois qu'on a toujours tendance à oublier ceux-ci. Des petits conseils pour le jeu en late-game??

C'est tout pour aujourd'hui.

Pokéristiquement votre

BluffDaddy

lundi 21 mars 2011

Chics Types

Si ma motivation est revenue, que ce soit pour jouer correctement (jouer un poker vraiment gagnant, je m'entends), ou que ce soit pour écrire, je le dois grandement à deux personnes. En effet, depuis décembre, je dois avouer que c'est grâce à deux chics types (ou deux cheap types, à vous de voir), Scalp et Tigger. J'utilise ici volontairement leurs pseudos afin d'éviter toute poursuite judiciaire.

Comme vous avez pu le remarquer, l'intitulé du blog a changé, l'assez classique "Errances d'un fish parmi tant d'autres" étant désormais remplacé par le bien plus accrocheur "In Odds We Trust". Cette invention drolatique est issue de l'imagination d'un de mes deux compères, Tigger, et je l'en remercie.

Les heures passées autour de nombreux cafés belges à discuter technique, les conversations sur Skype jusqu'au bout de la nuit, et les soirées à gambler côte à côte, m'ont tout simplement donné goût à une vraie remise en question sur mon jeu. Mon poker de tournoi gagnant (mais pourtant très classique), sur les sites en .com, a, je crois, laissé place à un poker plus inventif et efficace. Il fait ma fierté aujourd'hui, même si je sais que les hautes limites sont encore loin, et ça, je le dois en grande partie à ces deux chics types. Laissez-moi vous les présenter brièvement.

Tigger, est une personne, dans la vie de tous les jours, qui vit pour le jeu de mot (pourri, soyons clair) et pour que le bon mot embellisse votre quotidien. Généreux, humble et capable d'une auto-dérision à faire pâlir Desproges, il vous est impossible de ne pas l'apprécier preflop (je trouvais que ça collait bien, entendez aux premiers abords, pour ceux qui n'ont pas saisi). Brillant étudiant, il est en passe de devenir Docteur, même si pour le moment, il est techniquement chômeur.
C'est le seul de nous trois à avoir une ligne HendonMob, cela gage de la solidité de son poker de tournoi. Malheureusement pour lui et sa pension de chômeur, il n'est pas adepte du grind online, et ce malgré ses capacités étonnantes à gagner de nombreuses fois des freeroll sur Winamax.
Point fort : capable de vous faire folder la meilleure main dans une bataille de blindes, tellement vous crevez de rire, grâce à une métaphore filée sur ses relations intimes avec votre propre mère.
Point faible : éternel grognon à une table quand un joueur lui colle une horreur, il est capable de se gâcher une session tout seul.

Scalp, quant à lui, est certainement le plus expérimenté de nous trois en ce qui concerne le poker. J'ai toujours eu tendance à penser que notre poker nous ressemble, et ce vieux fish rentre bien dans le (et la) moule. Scalp est une personne intelligente, qui en a clairement sous le pied, que ce soit pour le poker et dans la vie de tous les jours. Son avantage sur toutes les personnes dans son cas, c'est qu'il le sait (il me dira si je me trompe). Pour les personnes comme lui, un coup d'accélérateur suffit.
Dans la vie comme au poker, il choisit les bons spots, et sait les exploiter au maximum. C'est le genre de mec qui sort la bonne vanne, au bon moment, ou qui place le bon 5bet-shove des familles à faire pâlir Tom Dwan (en plus c'est pile quand tu tentes un move avec 83offsuit).
Si je ne m'abuse, il aurait accumulé quasiment 30K$ de gains du temps du .com sur Pokerstars, notamment en tournoi. Cependant, depuis l'ARJEL, il semblerait que Scalp ait eu une difficulté toute particulière à s'adapter aux rooms et aux fields en tournoi. La réduction du nombre d'entrants et donc des prizepools, conjuguée à la baisse conséquente du niveau semble ne pas lui convenir et lui enlever, ce qui, à mon sens, est la seule chose qui lui manque : l'envie. Il a cependant montré toute l'étendue de son talent en gagnant plus de 3K€ sur un freezout à 10€ de Buy-in sur Pokerstars.fr. Un coup d'accélérateur, voilà tout.
Point fort : lectures affutées, et grosse connaissance des mécanismes stratégiques gagnants en tournoi, il est capable de monter des stacks énormes tout en étant card dead.
Point faible : ne passe jamais ses flips, ni ses 70/30 d'ailleurs. Whineur dans l'absolu, il aime à se plaindre de son bad run permanent. Cela a développé chez lui une grosse tendance à spew.

Tout ça pour vous dire, et vous faire partager ce qui à mon sens, est plus qu'important au poker, comme dans n'importe quelle discipline : partager. Même si par essence c'est un jeu très égoïste, le partage aves les autres et la synergie qui se dégage d'une session commentée par un regard amical et critique font progresser plus que n'importe quelle autre manière de jouer. Dans le poker, les self made men n'existent pas. Essayez donc d'aller à la Bobby's Room tous les soirs pendant un an, je doute que ça vous fasse autant progresser que de parler technique avec un/des pote(s) qui jouent correctement.

C'est tout pour aujourd'hui.
Pokeristiquement votre.

BluffDaddy

mercredi 16 mars 2011

Velléitaire

"Arrête d'être dans le fantasme". Dur mais franc, tel est mon paternel. Il m'a rabâché des années durant avec cette rengaine d'arrêter d'être velléitaire et de rêver ma vie, mais il voulait surtout que je me remue le cul, tout simplement.

Cette phrase est devenue malgré moi, certainement inconsciemment (désir refoulé de vengeance freudienne envers ses parents, ou un truc comme ça je crois), une sorte d'art de vivre. Je fais des choses qui m'intéressent, puis les abandonne très vite. J'ai envie de faire plein de choses, mais je choisis de ne rien faire et de continuer à fantasmer que je pourrais faire, et en plus de belle manière, ces milliers de choses.

Comme je suis perspicace et que j'ai encore ce vieux réflexe étudiant qu'est de placer une digression débile en plein milieu d'une dissertation (c'est un peu comme placer un 4bet dans le bon timing en fait, le correcteur n'y voit que du feu), j'ai donc choisi de citer F.Dard : "L'homme est empêtré dans ses fantasmes comme des spaghettis dans du parmesan fondu." Tiré de : La psychologie pour les nouilles. Non, je déconne ! Juste pour le titre du bouquin, l'auteur existe, même s'il a un nom de famille un peu dur (enfin ça dépend). Pour en revenir à cette sublime citation, c'est évident que c'est mon cas, mais ça va, je ne suis pas si mal à nager dans mon parmesan, même que j'aime ça.

Trèves de plaisanteries, revenons à nos moutons.

En fait les choses que j'ai envie de faire, bah c'est comme ce blog. J'avais bien commencé, écrit trois quatre articles puis basta, zou, pfiou, terminé.

Par contre le poker, je n'ai pas arrêté d'y jouer. Il s'est insidieusement calé dans mon quotidien au même titre que la clope, le café, où le joint se calent dans celui des autres. Mais bon, ça y'est, je me remet à écrire ce blog, et pour de bon !

J'ai mis un point d'honneur à faire du neuf sur ce blog pour qu'il ressemble à quelque chose et que cela me motive, j'espère que cela vous plaira. Ce blog est donc nouveau, un néo-blog dans le blog, en quelque sorte. J'ai pas mal hésité à virer les anciens articles, mais finalement, je les garde. Je présente d'avance toutes mes confuses à Stefal, il est vrai que la ressemblance de nos deux arrière-plans est frappante mais c'est involontaire (que voulez-vous, le Padawan copie toujours le Jedi).

Je continue pourtant à lire avec soin les blogs poker des tout meilleurs (Another K, Benjo, Rincevent, D8, Stefal, Xewod, Eiffel, Raoul... pardon si j'en oublie et RIP Celtic), et surtout à prendre encore plus de soin à ne jamais commenter les articles, même ceux que j'ai grandement apprécié. Telle la tique qui ne dira jamais "merci mon chien" à son hôte, me direz vous. C'est pourquoi désormais je mettrai aussi un point d'honneur à prendre le temps de commenter vos blogs !

D'un point de vue pokéristique, je dois avouer que ces derniers mois ont été riches en émotions. J'ai mis sur le bandeau de droite du blog toutes les tables finales auxquelles j'ai participé depuis décembre dernier sur le soft de Winamax. Elles sont vraiment, à mon sens, synonymes que j'ai effectué le franchissement d'un immense palier au niveau de mon poker.

En effet, mis à part le fait que j'ai énormément travaillé sur mes faiblesses techniques, je n'ai plus peur du tout et de tout. Des autres, des bads beats, de perdre sur un de mes moves foireux dont moi seul ai le secret, de l'argent et des chinois du FBI. Je crois sincèrement que d'avoir une confiance absolue en son jeu (sans pour autant oublier d'avoir un regard critique sur ses moves foireux, cf ci-dessus) est la seule et unique clé pour avant tout être un joueur gagnant, pour progresser et pour vaincre le cycle infernal du bad run.

Je reviendrai très prochainement par le biais d'un bilan sur ces quatre derniers mois, et aussi sur certains de ces tournois dans un article futur, car j'ai conservé les historiques de jeu afin de vous les faire partager et que vous me donniez vos avis. J'ai aussi pour idée d'écrire un article sur les heads-up, variante à laquelle je m'adonne avec pas mal de réussite depuis décembre.

C'est tout pour aujourd'hui !

Pokéristiquement

BluffDaddy