mardi 23 mars 2010

Pas le choix dans la date


J’en conviens, choisir pour titre cette contrepèterie belge pourra vous interroger mais aucune autre maxime n’aurait pu mieux illustrer le dilemme auquel je suis confronté.


Avant de m’expliquer plus longuement sur le choix cornélien que je dois faire, je vous annonce la création d’une nouvelle rubrique sur ce blog, qui agrémentera chaque article : la « rubriqu’en vrac ». En vrac, mais pourquoi ? Mais parce que j’ai la fâcheuse tendance à utiliser ce terme particulièrement souvent, notamment pour trier mes fichiers inclassables dans mon pc dans un dossier « en vrac » ou encore pour ranger mes affaires, j’ai toujours eu des « boîtes-à-vrac ». Cette rubrique me permettra de ranger tout et rien et réciproquement, sans avoir à le structurer ni le justifier. On y trouvera 3 sous-rubriques : people, perso et Bonus bad beat(s).

Parenthèse terminée, je vous contais dans mon précédent billet que j’avais réussi à gérer ma qualification pour les demies-finales de l’EPEC sur Everest grâce au freeroll organisé par l’Ecole française de Poker. Ma qualification s’est effectuée sans peine, la structure étant super lente j’ai pu me mettre en sit out pendant la (mortelle) première heure, l’heure pendant laquelle les cadavres encore fumants et agonisants des bons joueurs gisent dans tous les coins de la room, vidés de tous leurs jetons par d’immondes fishs jouant au concours du « tiens qui va mettre la plus belle horreur ce soir », ou encore « j’arrive pas à lâcher ma paire de 3 sur un flop AK10 et je fais full backdoor quand t’as floppé ta suite en poussant à tapis au flop, on sait jamais». Voilà pourquoi j'évite cette première heure quand la structure le permet.

Ensuite, j’ai réussi à arriver sans trop de peine à la bulle en gérant mon stack, ayant triplé mon tapis au tout début de tournoi avec un full aux valets contre une quinte et une couleur. Je sortirais dans les 30 derniers en me faisant craquer les dames par une paire de sept qui fera couleur backdoor. Peu importe, j’étais qualifié pour les demies-finales à Paris et j’allais pouvoir rencontrer Saoût, Fabsoul dont je suis un grand fan et François Montmirel entre autres !

Et bien samedi 13 Mars (le soir même de mon dernier article), je réussissais à décrocher aussi ma qualification pour le quart de finale live à Bordeaux de la Poker.fr Cup en partenariat avec Betclic grâce au freeroll de Pokernews qui offrait gracieusement 5 places pour 150 et quelques inscrits. Pour l’anecdote, j’ai découvert la veille en lisant les vieux articles de Stefal qu’il y avait une étape près de chez moi (merci beaucoup, au passage). Je m’inscris donc pour le freeroll, qui s’avère être l’avant-dernier permettant de s’y qualifier. Sans entrer dans les détails, j’ai gagné le freeroll, eu beaucoup de bonnes rencontres et surtout pas de suckout, et donc cho/shippé mon ticket pour le tournoi live de Samedi 21 Mars à Bordeaux.

Ainsi, avant-hier, je me pointe donc bon pied bon oeil de bon matin pour jouer ce tournoi. Je ne me refuse jamais un live, j’adore ça et j’espère le niveau relevé. Pour info, 100 joueurs sont sensés être présents et seuls 10 seront qualifiés pour la finale régionale (qui a lieu dimanche prochain à Toulouse). J’enfile lunettes de soleil, sweat à capuche et grille une dernière cigarette : me voici paré pour ce tournoi. J’ai aussi emporté de quoi prendre des notes.

Premier bon point, on commence à l’heure, second, les tables et l'endroit sont magnifiques (mais vraiment sublîmes je vous assure), troisième, les organisateurs sont super pros et dispos, quatrième, l’ambiance est ultra détendue. Par contre, comme je suis râleur, je soulignerais le fait que la structure était assez trompeuse (un faux deepstack) : on partira avec 5000 jetons, blinds 25/25 puis elles doubleront toutes les 20 puis 25 minutes (penser 25/50, 50/100, 100/200, 200/400, 300/600).

Comme nous devions prendre la distribution à notre compte, cela nous fera perdre énormément de temps. Comme j’avais pas mal de joueurs issus d’internet à ma table, je prendrais rapidement le rôle de dealer (j’aurais donc pris très peu de notes).

En ce qui concerne le jeu, j’ai décidé de jouer small ball, comme d’habitude, de ne pas essayer de m’impliquer dans de gros pots et de monter mon stack doucement mais sûrement (au fait, merci Power Poker, une tuerie ce bouquin, je ferais un résumé de ce livre sur un article prochainement).

Ma table est constituée uniquement d’hommes. J’apprends à ce moment là que nous ne sommes que 78. A ma gauche, une serrure dont le nom de scène est « le boucher », très sympa par ailleurs, j’éviterai soigneusement de jouer contre lui car je l'ai déjà vu sur quelques lives. Ensuite, un mec ultra aggro que j’aurais très longtemps à ma table, on l’appellera Kojack parce qu’il sortira trois joueurs avec KJ de manière horriblissîme. A ma gauche, trois vilains super tights et passifs qu’on appellera simplement « vilains ». En face de moi, deux joueurs issus d’internet très gentils mais savant à peine distribuer les cartes, que j’appellerai « geeks » (je sais, c’est pas gentil, mais brûler trois cartes pour poser le flop c’est pas commun, ni de distribuer deux cartes par deux cartes à chacun d’ailleurs).

Je perdrai rapidement presque 1/5 de mon stack sur la troisième main avec JJ. Kojack relance à 3.5BB au bouton sur ma BB. Au lieu de juste payer, je ferais stupidement un 3bet qui sera callé instantanément. JJ ne touchera pas le flop AQ4, et je me couchera sur la mise de Monsieur qui fera un donkbet à tapis (pour info, Monsieur me montrera AQ). Deux mains plus tard, on entendra les premiers applaudissements pour le premier sortant qui se fera craquer les rois par les valets.

Quelques coups plus tard, je relancerai en middle position avec QJ dépareillé à 2,5BB, relance qui sera payée quatre fois. Le magnifique flop 8910 avec deux trèfles sera relancé par geek premier de parole à 250 que je relancerai à 1000 (pas de control pot pour toucher sa flush ou je ne sais quoi). J’agresserai un peu mon adversaire en disant « c’est un peu cher pour un tirage couleur hein ?? ». Il finira par payer (avec le tirage couleur, me dira-t’il). La turn, une dame de carreau, m’amènera à pousser tapis (il me restait 2800 et quelques, et il y avait quasiment 3600 au pot), en priant que geek n’aie pas KJ. Il foldera rapidement, marmonnant « je peux pas payer maintenant, pourtant je la sens cette main ». Entre parenthèses, un beau concept à développer, le fait de sentir sa main, non ? (tiens, roquefort celle-là !!).

Ensuite, ça a été le désert de cartes pendant presque deux heures, cependant ça a été un vrai régal de jouer à cette table. Je suis respecté et j’en profite pas mal. Les joueurs s’entretuent et Kojack colle badbeat sur badbeat (KJ vs AA, KJ vs QQ...) et se construit un stack énorme qui me fait saliver. Je toucherais deux fois AK et mes CB passeront au flop, je montrerais mes mains à chaque fois. Il y a déjà pas mal de sortants. Ensuite, je monterais mon stack sur des vols en position et des pots multiways. A la pause déjeuner, je suis à 12k sans avoir joué de gros coups sauf au début. Pour info, les blindes sont à 200-400 avec un average à 7,5k et il reste une soixantaine de joueurs.

Juste avant la pause, je me prendrais un peu le bec avec Kojack et devrais appeller le Tournament Director. Il faut savoir que le coup d’avant, il retournera ses cartes sur une des mes relances alors que la grosse blinde n’avait pas parlé, ce qui m’avait déjà échaudé. Pour notre dispute, il s’agissait d’un coup où jétais premier de parole contre un short au flop. A ce moment là, le short stack annonce tapis sans que ça soit son tour de parole. J’affirme qu’il a perdu son droit de parole, que cela vaut check, et que ça me laissera voir la turn gratuitement. Kojack, absolument pas dans le coup, m’arrête et me dit « mais non, les règles Interrrrrrrnationales disent qu’il a droit de faire ça, c’est de l’intimidation, il a le droit, gnagnagna, je suis croupier, je le sais » de manière super agressive. J’appelle le TD, qui me donnera raison, et clouera le bec à Kojack, qui grommelera jusqu’à la pause.

De retour après la (courte) pause déjeuner, les deux joueurs à ma gauche, les plus actifs, (le boucher et Kojack) sont absents. Sur deux orbites, je martyserais la table en volant 3 fois sur 4 les blindes. Quand ils reviendront, je suis presque à 16k. Je vais ensuite sortir deux des vilains à ma droite avec une paire de 10 et AK, et monterais à 20/22k. Il doit rester une cinquantaine de joueurs à ce moment là et je suis vraiment bien. Malheureusement, de nouveaux joueurs arrivent à notre table et la dynamique va totalement changer. Un mec totalement en tilt va pousser tapis 4 fois de suite et passer de 2k à 18k en mettant 3 horreurs. (J9 vs QQ et 96 vs AK de mémoire). Ensuite, les relances vont devenir très très chères et aller voir un flop avec un broadway ou une petite paire deviendra du suicide. Les éliminations s’enchaînent super rapidement, mais je maintiens le nez au-dessus de la ligne de flottaison, en agressant notamment Kojack sur toutes ses grosses blindes.

Je vais donc me maintenir aux environs de 20k jusqu’à ce qu’il ne reste plus que trois tables. Juste avant que notre table splitte, je vais passer un bluff monstrueux avec 910s et faire coucher ses valets preflop à un joueur ultra-serré. J’ai vraiment joué à l’intox en le fixant très longtemps avant d’annoncer ma relance et le 4better en lui disant « un peu light les valets pour aller voir un flop là ». Il a pris deux bonnes minutes avant de coucher et il sortira deux mains plus tard, complètement en tilt (je pense que je n’aurais pas dû lui montrer ma main).

Les demies-finales vont arriver très très vite, ça fait moins de 3 heures que l’on joue depuis la pause déjeuner, et les shorts tombent comme des mouches. Je me maintiens à 25/30k. Les blindes sont à 800/1600 lorsque nous sommes à la bulle et tout le monde serre les fesses. Je vais passer un bluff avec A-high en deux barrels sur un flop hyper dry, ce qui va me donner un peu d’air. Je ferais ensuite sauter la bulle en bataille de blindes quand la petite blinde (un mec qui avait fait un joli NYBR avec les as) fera un just call. Je retourne les 10 et ferais un 3bet pour info, il poussera tapis pour moins d’un tiers du mien. Je paierai et me retrouverai face à KJ. L’apparition d’un 10 au flop réglera l’affaire (d'ailleurs je n'ai pas saisi son move...). Nous étions donc qualifiés pour la finale régionale à Toulouse qui a lieu dimanche qui vient.

La table finale fut anecdotique, tout du moins pour moi. Sur la première main, l’énorme chipleader paye un short avec 73 et craque ses valets en faisant quinte. Il prétexte en avoir marre, mais je trouve ça limite. Je lui dit que ça n’est pas sport et que même s’il n’y a rien à gagner il me semble plus marrant de jouer correctement. Je suis environ à 45k et la moyenne est à 30k ou quelque chose comme ça, avec des blindes à 1000/2000.

Je retourne AK et relance à tapis le 3bet du chipleader qui me paiera avec Q4. (...WTFF???...) Le flop apportera une dame et un 4. (P****¨ù$$ù%ùù) Un maigre tirage quinte me redonnera de l’espoir au turn mais un deuxième 4 river me clouera sur mon siège (SICK). Je me suis un peu enervé, mais je lui ai dit que c’était bien joué et que j’espèrait l’avoir à ma table à Toulouse pour qu’il me paye avec le même genre de mains. Out 9e donc, mais content. Les organisateurs m’ont même trouvé un surnom, Phil Laak (cf la photo), et j’ai été photographié pour Sud-Ouest (d’ailleurs ils ont exagéré sur le prize-pool).

Donc voilà le dilemme : l’EPEC ou la finale régionale de le Poker.fr Cup ? Pas le choix dans la date. D’un côté la chance de rencontrer des professionnels reconnus, mais peu de chance de gagner un des trois tickets pour la finale aux Canaries (3/405). et de l’autre 1 chance sur 50 de shipper un ticket pour Las Vegas. J’attends vos conseils. En outre, Toulouse est plus prêt de chez moi.



Vrac :

People : Phil Ivey, roi des prop-bets en tout genre, a racheté son pari (d'un million de dollars) de ne pas manger de viande à Dwan pour $150,000. En même temps c’était des Chicken Wings, on le comprend.

Perso : Voilà la situation. Petit Sit&Go 10€ rebuy entre potes (dont une calling station). Nous avons passé la période de Add-on. Je couche J10 en premier de parole. Bataille de blindes entre deux joueurs, qui vont voir un flop pour assez cher. Pour info, le joueur en petite blinde joue un poker très sérieux, assez classique. Il ne bluffe jamais en trois barrels.

Flop : AQ4. Relance au pot, payé par calling station.

Turn A. Relance au pot, idem. River J. Tapis. Payé.

Petite blinde retourne AK, et la BB retourne... JJ. One-outer (j’en avais un). Pan.

Et toi, tu lâches tes valets quand ton adversaire te montre clairement qu’il a touché son brelan d’as ?? Surtout que ça fout une sale ambiance après...


Bonus Bad Beat(s) : Je n’ai pu, ni participer aux tournois de Xewod ni à ceux de DavidLPoker puisque ma connexion miteuse ne permet ni l’accès au réseau d’Unibet, ni l’accès au réseau de Wam. Merci 9 Wifi !

Pokeristiquement,

BluffDaddy

3 commentaires:

  1. déjà, VGG!

    Pour le choix cornelien pas evident...

    Des commentateurs plus aguerris sauront probablement mieux te conseiller.

    Le one outer... il faut bien que des gens le joue pour qu'il y ait des joueurs gagnants!

    RépondreSupprimer
  2. C'est vraiment dur dur de te conseiller...

    Jouer des pros...

    Tenter sa chance pour Las Vegas...

    Je ne saurai que faire...

    3/405
    1/50

    Dur dur...

    Quelque soit ton choix, je suis à fond avec toi !!!

    RépondreSupprimer
  3. Beau billet !
    Les JJ, je les aurais couchés au flop...
    J'avais déjà vécu la même situation avec pocket JJ, et jusqu'au bout, sans J à la River. Battu par A6 qui touche A au flop...

    RépondreSupprimer